Au regard d'un poète, Yves Leclair, soudain, mes yeux ont retrouvé l'étoile et je me suis mise en marche...
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.
Après quelques heures, je reviens d’un pays de lumière, de figues et de poussière. J’y ai marché pieds nus, la plante offerte à la terre, les paumes réunies, tournées vers le ciel. Je reviens d’un pays de sable, de sel et de signes… où mon cœur s’est agrandi.
J’y ai vu la trace et son absence. J’ai épuisé mon regard dans la fleur de l’hibiscus. J’ai suivi mon guide jusqu’aux portes du désert… mon corps s’est désaltéré.
J’ai entendu, à l’aube, les chants mêlés du merle et du muezzin. Les yeux du berger, sur moi, se sont posés… mon âme s’est émerveillée.
Un peu plus loin, marchant toujours vers l’éveil solaire, j’ai croisé le peintre, le poète et le sage… dans ces lignes esquissées... mon esprit s’est relevé.
Mon guide, doucement, a murmuré au creux de mon oreille : il faut avoir cette force de ne rien attendre pour tout accueillir…* j’ai ouvert un peu plus grandes mes mains.
Puis, sur une place, nous nous sommes arrêtés. A quelques pas de nous, une femme a supplié. Lui s’est agenouillé. De son doigt, quelques lettres se sont dessinées sur le sable. Deux regards se sont croisés... j'ai appris la force des traces infimes.
Mes pas, quelques instant, se sont recueillis sur ces petits nuages suspendus au-dessus de l’immense vide*… et j’ai contemplé notre humanité.
A la dernière halte, sur l’ultime plage, j’ai retrouvée Etty, la petite Etty Hillesum* comme l’a si tendrement nommée mon guide. J’ai enfin osé m’asseoir à côté d’elle, nous avons parlé.
Je reviens du pays d'un passeur en poésie (je cite ici vos mots, Catheau). Je reviens d’un pays de lumière, de cet Orient intime d’Yves Leclair. Je reviens d’un pays de poésie et d’essence humaine. J'en reviens et ne l’ai pas quitté.
Traces rouges de vos signes... empreintes égarées pour nous...
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage.
Je vous souhaite et vous espère voyager au pays de ce grand poète, un homme, une plume, un cœur, un pays qui étincellent les yeux intérieurs. Je vous espère vous abandonner au gré de ses mots, au gré de ces poésies et paysages qu’il nous offre.
Je remercie intensément, cet auteur, Yves Leclair, pour cet Orient intime, pour cette marche lumineuse que je poursuis. Je vous remercie infiniment Catheau de m’avoir offert ce voyage en mon « Orient », de votre sensibilité et votre désir d'éveil en chacun de nous.
Anne Le Sonneur
* Mots, pensées, souffle de L’Orient intime, Yves Leclair, L’Arpenteur, éd. Gallimard 2010
Pour connaître un peu mieux cet homme et ses mots, l’article de Catheau qui m'aura donné de le découvrir :
Pour « l’entendre », accueillir ses mots lors d'un entretien :
http://www.ecrivains-voyageurs.net/pages/divreportages10.htm