Pour Entre ombre et lumière, le thème de ce mardi, cette fois à la bonne date : du ponton au viaduc, les ponts.
Et ces quelques photos d'un pont japonais dans les jardins d'Albert Kahn, à Boulogne-Billancourt. J'avais envie de poser mes pas sur ce seul pont-là...
Un regard d'abord, silencieux...
Puis, ces quelques mots...
Albert Kahn (1860-1940) était un banquier qui n'aura pas cherché à se dévoiler. Nous ne savons que peu de choses de lui. Je crois que, pour lui, l'essentiel était davantage la réalisation de son projet : les archives de la planète, que la connaissance de lui-même.
Ayant eu un certain flaire dans le domaine de la spéculation, il en aura profité, s'enrichissant pour... créer des bourses de voyages et permettre à des chercheurs, des artistes de pouvoir dire notre humanité. En sa bouche qui me semble avoir parlé si peu, il n'aura eu de cesse de tendre vers la paix.
Ainsi, il aura envoyé des photographes à travers le monde, pour garder en mémoire chaque culture, leur façon de vivre, la forme des villages, le rythme des journées, les rites et les croyances et nous offrir de découvrir ces liens, ces échos qui nous rapprochent.
Ses jardins, à Boulogne, dans cette propriété dont il aura dû se déposséder, en sont un vrai miroir. Au cœur de ces hectares où se mêlent des forêts de cèdres et de feuillus, des jardins japonais et européens, il a voulu montrer que la paix entre les hommes était possible. Il pensait que si les plantes de différents continents pouvaient vivre sur une même terre, les hommes en étaient aussi capables.
Ce lieu n'est pas seulement un moment de calme, au-delà de l'agitation citadine où nous pouvons enfin nous poser. Ce pont n'est pas seulement un passage où je me retrouve. Il est une passerelle, un temps d'accueil et de partage entre l'homme et la nature, entre l'homme et lui-même, osant nous avancer vers l'autre, dévêtus de toute peur.
Si tu t'approche, je renais... je suis enfin et je t'accueille.
Anne Le Sonneur
Pour en savoir plus, le site du musée et des jardins, ici (link)